Le livre Blanc HLM du renouvellement urbain
Sabine Delcour, Florence Lazar, jean-Louis Schoellkopf
Mediator - Pierre Marsaa
Supporters - Fondation de France, Région Aquitaine, Région Poitou-Charentes, Caisse des Dépôts et Consignations, Renouvellement Urbain
Bayonne, France, 2002
À travers la place accordée au renouvellement urbain dans les contrats de ville, les collectivités locales et l'État ont reconnu la nécessité d'un changement de démarche dans la manière de prendre en compte les difficultés urbaines, et notamment celles relatives aux quartiers gérés par le mouvement Hlm. Par ailleurs, une part importante des Hlm souffre d'une image négative. Retrouver une juste adéquation entre image urbaine et image sociale s'impose. Les associations régionales Hlm Aquitaine et Poitou-Charentes prennent l'initiative de réunir les différents partenaires du renouvellement urbain. Pour engendrer une réflexion sur l'espace public des quartiers, un colloque rassemblant une centaine de personnes est organisé. Dans le but de pallier à l'absence de parole des habitants et pour enrichir leur démarche, les commanditaires souhaitent passer commande d'une œuvre photographique à travers laquelle un artiste apportera un regard susceptible d'enrichir la réflexion sur le devenir des espaces publics des quartiers.
Lors du colloque, plusieurs photographies sont présentées sur les murs de la salle. Dans un deuxième temps, elles seront rassemblées dans deux livres (Livre blanc Hlm pour le renouvellement urbain en Aquitaine, Livre blanc Hlm pour le renouvellement urbain en Poitou-Charentes), destinés à poser les stratégies du mouvement Hlm dans les opérations de Renouvellement urbain en Aquitaine et Poitou-Charentes. Tirés initialement à 1000 exemplaires, ces livres destinés aux partenaires des différents organismes, viennent de faire l'objet d'un second tirage à 500 exemplaires. La commande photographique n'est pas un état des lieux architectural des quartiers mais un regard sur la vie des espaces publics des quartiers administrativement concernés par le Renouvellement Urbain. Lazar a pris des photographies des habitants en situation dans l'espace publics (une jeune adolescente devant un interphone, des femmes musulmanes nettoyant des tapis en extérieur, un groupe d'hommes devant une barre d'immeuble, ces derniers semblent concernés par la réparation d'une voiture...). Les photographies de Delcour sont au contraire désertées de toute présence humaine, vues des habitations témoignant de la vie dans les quartiers par des signes visuels qui traduisent le désir de marquer un territoire pour lui circonscrire une identité. Instant et durée se rencontrent ainsi. Si Lazar s'attachait aux activités séparées des hommes et des femmes observables à proximité des immeubles, Schoellkopf s'est intéressé aux lieux excentrés, isolés et non directement reliés aux constructions immobilières concernées.
Le médiateur ne propose pas qu'un seul artiste pour cette commande mais trois. Florence Lazar pratique alternativement la photographie et la vidéo, deux médiums à travers lesquels elle interroge de manière récurrente le thème de l'identité (identité personnelle, mais aussi identité collective, identité sociale, identité politique) et de ses évolutions selon les évènements, les déplacements, les rencontres. En 1999, elle réalise une série en Serbie après le dernier conflit dont les images mêlent les rapports entre intime et politique, puis, en 2001, une vidéo. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, le travail de Sabine Delcour est davantage concerné par les lieux. En 1995, elle réalise une série lors d'un voyage de six mois au Laos, au Cambodge et au Vietnam à travers laquelle elle tend à rendre visible l'empreinte du temps. C'est le département de Seine-Saint-Denis qui retient son attention en 1998. Elle travaille dans les deux cas avec un vieil appareil de voyage pliant, posé le plus souvent à même le sol, une méthode conduisant à des imperfections tout en favorisant la mise à distance nécessaire à la saisie de la portée symbolique de l'image. Dès le milieu des années soixante-dix, les travaux de Jean-Louis Schoellkopf portent plus particulièrement sur le monde du travail en résonance avec son engagement politique. Il réalise, par exemple, des portraits de mineurs et des photographies de leur environnement, alors même que leur disparition est imminente. Toujours soucieux de montrer « ce qui se passe derrière les murs », il entreprend dans les années quatre-vingt une série consacrée à l'urbanisme, cartographie des façades, mais aussi des intérieurs. En 1997, la Documenta de Kassel lui confie une salle entière, désireuse de présenter une rencontre pertinente entre art contemporain et document photographique.