Portes et bruits de fontaines (Bure-Les-Templiers wash house)
Liam Gillick
Mediateur - Xavier Douroux
Bure-les-Templiers, Bourgogne, 2002
Le contexte
Françoise Naudet, présidente de l'Association des Sept vallées en Haute Côte d'Or, aujourd'hui décédée, veut sauver de l'indifférence les lavoirs de villages. Elle est à l'origine de la prise de conscience qui conduit, entre autres, à l'organisation d'un circuit dans le cadre du programme européen Leader II. Le Groupe d'action locale que préside Martine Eap-Dupin, conseillère générale et maire de Précy-sur-Thil avec l'appui de Jacqueline Bosset-Chauvière au Conseil général de Côte d'Or, appuie ce projet de la Fondation de France. Treize villages sont concernés par les restaurations et neuf oeuvres sont commandées pour les lavoirs de huit d'entre eux. A cela s'ajoute une commande photographique dont rend compte un livre. L'ensemble de l'opération bénéficie de l'appui de l'entreprise Whirlpool (Daniel Payan).
Le lavoir de Bure-les-Templiers est situé au centre du village, sous le bâtiment qui abrite la mairie et l'école. Les commanditaires ont estimé que l'intervention artistique devait porter sur les deux portes, l'une ouvrant sur la rue, l'autre sur le jardin. La sobriété de l'intérieur renforce l'austérité du lavoir rectangulaire, une forme géométrique élémentaire simple, comme toutes ses ouvertures - portes et fenêtres.
La commande
L'œuvre se compose de deux portes en acier dans lesquelles des trous circulaires de diamètres différents ont été percés, créant un sentiment de dynamisme et répondant à un besoin fonctionnel. Les trous sont bordés de feuilles de plexiglas, bleu à l'est, jaune à l'ouest. Le lavoir indique ainsi sa position topographique par rapport à l'organisation générale du village. Au départ, l'artiste avait proposé une grille régulière de trous de taille égale pour les portes, mais les commanditaires estimaient que son schéma était trop urbain et lui demandaient de lui donner une orientation plus naturelle, d'où l'irrégularité des trous, donnant le sentiment que les formes sont auto-générantes. Gillick va également concevoir un circuit sonore reliant les fontaines les unes aux autres. Une installation composée d'un tableau équipé d'interrupteurs et de plusieurs haut-parleurs situés dans un autre lavoir permettra à toutes les personnes observant l'oeuvre d'entendre les conversations et les bruits de l'eau se produisant simultanément dans les autres lieux. Le nombre croissant de relations entre l'intérieur et l'extérieur donne naissance à un espace ouvert aux échanges.
Liam Gillick
Le médiateur a suggéré de faire appel à Liam Gillick. Depuis la fin des années 1980, il s'interroge sur l'identité et les modes de fonctionnement contemporains de l'art en investissant dans des formes géométriques élémentaires qui renvoient à un certain aspect de l'abstraction historique, mais aussi au monde de la communication (logos porteurs de messages). Ce sont des formes pures dont la beauté rend perceptibles les relations entre fiction et réalité dans une appréhension globale du monde. Les objets formels produits ne sont jamais une fin en soi, mais sont compris comme des décors de scénarios, de véritables plateformes de discussion, conformément au concept créé par Gillick au milieu des années 1990.