Discussion Island Lobby
Liam Gillick
Soutien - Fondation Roi Baudoin
10, 12 & 14 rue Gisbert Combaz, Saint-Gilles (Bruxelles), Belgique, 2003
Dans le cadre d'un projet de réaménagement urbain, le Foyer Saint-Gillois à Bruxelles envisage de rénover et de réhabiliter six immeubles de la rue Gisbert Combaz, témoignage exceptionnel des développements sociaux et architecturaux des années 1920 (Modernisme). Classés monuments historiques, ils sont aujourd'hui utilisés comme logements sociaux pour les personnes en difficulté. Dans ce quartier peu sûr de Bruxelles, les habitants ont exprimé leur malaise face à l'aspect bas talon, sombre et uniforme de ces blocs, disposés de part et d'autre de la rue. Les commanditaires font appel à un artiste pour restaurer l'image du lieu, tant du point de vue privé que public, et satisfaire les locataires de leur logement tout en améliorant leur vie quotidienne.
Compte tenu du fait que les bâtiments sont classés, seule une intervention légère à l'intérieur des six blocs pouvait être envisagée. Les six halls d'entrée ont rapidement frappé Gillick comme les lieux offrant les plus grandes possibilités tant sur le plan symbolique qu'artistique. Dans un premier temps, il individualise les boîtes aux lettres en les repeignant d'une couleur spécifique en fonction du bâtiment auquel elles appartiennent. Six couleurs (violet, jaune, outremer, orange, rouge, azur) appliquées de manière dense mais sans dégradé, ce qui contribue à mettre en valeur leur forme rectangulaire, tout en égayant l'entrée, tout en conservant une certaine sobriété par le caractère mat des matériaux utilisés et le choix des teintes élémentaires. Les vitres des portes d'entrée sont également personnalisées. Les noms des résidents sont disposés en constellation sur des panneaux identiques dans chaque entrée, des tableaux de bord métalliques de sobriété radicale et futuriste, inoxydables et fonctionnels. Un petit cercle sous chaque nom sert de clochette. Il s'allume lorsque le visiteur appuie sur le bouton inséré au préalable dans le plan du panneau. De plus, un morceau de musique servant de clochette a été spécialement créé pour chaque résident, renforçant ainsi son individualité et son identité. L'œuvre créée par Gillick, utilisant une géométrie élémentaire (rectangle, cercle) et produisant un effet maximal dans les limites des moyens disponibles, respecte le statut répertorié des six blocs d'appartements tout en s'adaptant à leur style architectural qu'il actualise dans le processus.
Liam Gillick
Le médiateur a proposé de faire venir Liam Gillick. Depuis la fin des années 1980, il s'interroge sur l'identité de l'art et ses modes de fonctionnement contemporains en explorant des formes géométriques élémentaires qui renvoient à une certaine abstraction historique (modernisme), mais aussi au monde de la communication (logos porteurs de message). Ce sont des formes pures et nettes dont la beauté rend perceptible la relation entre fiction et réalité dans une appréhension globale du monde. Les travaux formels ne sont jamais une fin en soi, mais peuvent être appréhendés comme des supports de scénarios, de véritables plateformes de discussion, suivant le concept créé par Gillick au milieu des années 1990. Il appréhende l'espace comme un lieu de rencontre entre le privé et le public.