Parcours - Université de Lille
Matt Mullican
Mediateur - Bruno Dupont
Soutien - Fondation de France, ville de Lille, Communauté Urbaine
Faculté de Droit, Place Déliot 1, Lille, France, 2001 - 2004
La Faculté de Droit de Lille est implantée dans un ancien bâtiment industriel réhabilité, au cœur du quartier populaire de Moulins. Peu d'étudiants résident dans le quartier et le brassage avec la population sédentaire est quasi inexistant. C’est pourquoi, les commanditaires demandent à l’artiste d’intervenir afin de requalifier les espaces et valoriser le tissu urbain et social. Des plaques de lave émaillée balisent le trajet de l'université au Jardin Botanique. Situées en hauteur ou au sol, mais toujours en des lieux signifiants, cinq œuvres — néons ou sculptures —, renforcent ce premier code visuel. L’artiste crée un langage de signes porteur de différents registres spatio-temporels à même de sensibiliser la population, et ce, de manière individuelle et collective, au sens des relations entre signifiant et signifié, inhérent à tout système de communication.
Pour restructurer et valoriser le tissu urbain, Mullican délimite autant d’aires à requalifier. Des plaques de granit (50 x 50 cm) balisent le trajet de l’université au Jardin Botanique. Leur plan horizontal présente des éléments de signalétique pluriels : universel, emprunté au vocabulaire de l’artiste, ou encore conçu par les riverains eux-mêmes. Situées en hauteur ou au sol, mais toujours en des lieux signifiants, cinq œuvres — néons ou sculptures — renforcent ce premier code visuel. Si le passant dans la ville s’inscrit dans une relation fugace à son environnement, Mullican choisit des emplacements tous emprunts d’une dimension historique eu égard de la vie du quartier afin de susciter une autre relation perceptive à la temporalité. Enfin, dans le Jardin Botanique, une série de bas-reliefs scande un trajet menant au lycée Baggio, un établissement occupant les locaux de l’ancien institut Diderot, où une dernière œuvre balise le parcours. Porteuse d’une autre codification visuelle, celle-ci pointe la symbolique relative à la dimension encyclopédique du savoir revendiqué par le célèbre philosophe, cosmogonie rationnelle ainsi ouverte à la subjectivité de l’artiste. Mullican crée un langage de signes porteur de différents registres spatio-temporels à même de sensibiliser la population, et ce, de manière individuelle et collective, au sens des relations entre signifiant et signifié, inhérent à tout système de communication.
Le médiateur propose de faire intervenir Matt Mullican. Dès ses premières performances réalisées alors qu’il est encore étudiant (California Institute of the Arts, 1971-1974), Mullican s’attache au thème de la ville afin d’interroger les schémas perceptifs tels que les structure notre rapport à un environnement public, réel ou fictif. Une longue période s’avère nécessaire pour l’élaboration d’un vocabulaire de pictogrammes et de couleurs véhiculé par différents supports (bannières, affiches, granit, verre, marbre…) qui, depuis le début des années 80 caractérise sa création. Ainsi, quatre cercles identiques et juxtaposés dans un carré désignent les éléments, deux personnages hautement stylisés en face à face sont identifiés comme ange et démon… Il associe le rouge à la subjectivité, le vert aux éléments, le bleu au monde non structuré, le jaune au monde structuré, le noir et blanc au langage. Puis, peu à peu, Mullican va cartographier sa «cosmologie» en créant de complexes installations où se confrontent différents espaces symboliques au sein d’une temporalité trans-historique. À la fin des années 80, un nouveau stade se remarque dans sa création : l’intégration de l’image de synthèse aux mises en espace. Le City Project se conçoit ainsi comme un immense complexe spatial mêlant réel, imaginaire et virtuel; le spectateur est invité à le parcourir afin d’appréhender ses perceptions et d’explorer les insaisissables frontières entre particulier et universel, subjectivité et objectivité, quotidien et intemporel.