Le café des sports
Alexandre Perigot
Mediateur - Sylvie Amar
Soutien - Fondation de France, Commune de Cognocoli-Monticchi, ARTCO Association.
Marato, Corse du Sud, France, 2004
Le contexte
Le village de Marato, hameau de la commune de Cognocoli-Monticchi, près d'Ajaccio, est confronté au problème de la désertification des zones rurales, qui se traduit par une disparition des lieux de convivialité, contribuant à la vitalité du tissu social.
La commande
Un lieu de convivialité pour un hameau en Haute-Corse.
Installé sur un terrain communal du hameau de Marato, à 30 km d'Ajaccio, l'œuvre d'Alexandre Perigot revisite la tradition populaire du café, en réponse à la désertification rurale. Le dispositif entraîne le public, tour à tour spectateur et acteur, dans une expérience inédite de l'ivresse : une rambarde de béton, à hauteur de comptoir et recouverte d'une mosaïque aux couleurs vives, délimite un espace circulaire au plancher mouvant. Combinant sculpture et performance, ce café version décalée exalte la convivialité, essentielle à la vitalité du tissu social.
En Corse comme ailleurs, mais en Corse tout particulièrement, le café est au centre de la communauté, espace spécialement dédié au plaisir quotidien d'être ensemble, de partager des activités, des habitudes, des histoires qui se transmettent d'une génération à l'autre. La tradition se perpétue, et pourtant, même dans ce qui semble immuable, surgit toujours la nouveauté. Combinant habilement deux régimes majeurs de l'art contemporain, représentation et performance, l'oeuvre d'Alexandre Perigot est à la fois une sculpture et un happening permanent. Le spectateur découvrant pour la première fois le Café des sports verra peut-être d'abord une sculpture minimaliste, un peu marquée par un passage à travers les années 1980 : la longue balustrade circulaire courant à hauteur de poitrine lui rappellera sans doute l'habituel comptoir de café, tandis que les zigzags colorés de la mosaïque dont elle est recouverte lui évoqueront l'atmosphère délicieusement ringarde de quelque salle désertée. Puis, en observant un autre visiteur qui aurait profité d'une ouverture laissée dans la rambarde pour s'aventurer de l'autre côté, il comprendra que le sol de l'espace intérieur, apparemment instable, met celui qui s'y risque dans une situation de déséquilibre inattendue. La sculpture devient décor, dispositif qui distribue de part et d'autre du comptoir les positions qui règlent la relation. Positions interchangeables, l'un est en démonstration, titubant au milieu du cercle, l'autre, à l'extérieur, regarde, et puis c'est l'inverse. On comprend que le café n'est pas si éloigné de la piste de cirque et du manège, et que la convivialité comporte une part essentielle de jeu, de spectacle et de vertige. BCD (Camille Videcoq), 2004.
Alexandre Perigot
Alexandre Perigot est né en 1959. Il vit à Paris et Bastia. Pensionnaire à la Villa Kujoyama en 1998, il développe depuis plusieurs années un travail révélant et déjouant les mécanismes de starisation, d'identification, et de spectacularisation. Au travers d'installations ou de performances, Alexandre Perigot explore également les univers de la musique et de la danse.