Le trait d'Génie
François Seigneur
Mediateur - Anastassia Makridou-Bretonneau
Soutien - Fondation de France, association MIR, Communauté de communes du Mené, CAUE des Côtes d’Armor, Conseil général des Côtes d’Armor, Communauté européenne
Côte d'Armor, France, abandonné
L'association MIR est composée d'habitants dont de nombreux agriculteurs, afin de conduire une réflexion et des actions en faveur de leur environnement et du développement durable pour valoriser le Mené (Mont situé en centre Bretagne). Elle est en charge de la gestion d'un fonds de vallée située au cœur des Côtes d'Armor, rebaptisée « Vallée des Génies », en référence à l'histoire du site. Le souhait des commanditaires s'articule autour de l'idée d'un parcours qui devrait permettre de soutenir les activités de valorisation de la vallée des Génies, en leur donnant une meilleure visibilité. Ils envisagent la construction d'un espace d'accueil sur le modèle d'habitat écologique pouvant servir de source d'information sur les randonnées alentour. La participation de la population locale à l'évolution de l'œuvre, sous forme de réunions publiques, de workshop est envisagée pour susciter la mémoire collective et faciliter l'appropriation de ce lieu par la population.
En réponse à une commande complexe, réclamant la prise en compte d'un nombre important de contraintes (zone humide, accessibilité aux personnes à mobilité réduite, utilisation d'énergies écologiques, projet participatif...) François Seigneur propose un geste architectural et artistique simple et inattendu : un trait dessiné dans le paysage qui se matérialise sous la forme d'une passerelle de 350 mètres de long. Intitulé avec humour Le Trait d'Génie, ce projet propose de redéfinir de façon radicale le paysage de la Vallée des Génies sur un mode poétique. Une ligne droite, comme un fil tendu d'un bout à l'autre de la vallée, introduit l'empreinte de l'homme dans le paysage et offre un point de vue autre sur l'ensemble de la vallée. En contrepoint de la rectitude de ce trait dans le paysage, la forme de la structure porteuse est aléatoire car construite avec des matériaux récoltés sur le territoire des communes concernées (équipements agricoles, anciennes machines et outils, troncs d'arbres, charpentes métalliques...). L'utilisation de matériaux recyclés pour la réalisation de l'œuvre prend en compte la mémoire collective locale et valorise le mode de vie rural et l'activité agricole toujours très présente sur ce territoire. Cette passerelle est conçue comme un support ouvert sur lequel viendra se greffer une multitude d'éléments artistiques, pédagogiques et fonctionnels. Entièrement autonome grâce à l'énergie solaire et hydraulique, elle sera un outil mis à la disposition de tous, riverains et visiteurs. François Seigneur propose une série de workshops réunissant chaque année aussi bien des habitants du Mené que des étudiants en ingénierie, en architecture, en art et en sociologie.
En septembre 2008, un premier workshop a été dédié à la réalisation d'une grande maquette de 4m de long, ainsi que d'une maquette plus technique, afin que l'artiste, les commanditaires et les habitants puissent avoir une idée plus précise du projet et se figurer cette longue passerelle à l'échelle du paysage. Les étudiants ont également entamé la collecte de matériaux et de témoignages auprès d'agriculteurs à la retraite notamment.
En 2010, un autre workshop a permis de poursuivre la collecte et de réaliser un gabarit de la passerelle le long de la vallée, matérialisé par des poteaux.
En 2012, des étudiants de l'école d'art d'Angers, accompagnés des artistes Étienne Poule, (artistes sculpteur), Denis Cantito (artiste plasticien, régisseur du Domaine de Kerguéhennec), Yann Boissel (métallier), Junko Hikita (artiste photographe), Jérôme Lucas (collecteur de mémoire), ont conçu une portion de passerelle, prototype de ce qui doit advenir.
En 2013, MIR se retrouve face à des difficultés financières et se voit obligée de déposer le bilan. Aucun groupe, malgré l'envie de certains habitants, ne souhaite poursuivre l'aventure. Le projet est abandonné et la portion de passerelle détruite en 2014.