Hommage à Jacques Lacan
Alain Séchas

La commande

L'association de la Cause Freudienne passe commande d'un monument dédié à Jacques Lacan à l'occasion du centenaire de sa naissance. Ce monument doit être mobile pour pouvoir être présenté lors de diverses rencontres de psychanalystes et la réalisation ne doit pas tant célébrer le passé que l'inscrire dans le présent et l'avenir. L'artiste Alain Séchas réalise une œuvre en mouvement : deux chats, l'un aux yeux fermés (type féminin), l'autre aux yeux écarquillés (type masculin), s'interpénètrent, tout en jouant une rencontre impossible. On chercherait en vain cependant à déterminer la sexualité respective des deux personnages qui modèlent ainsi une figure de l'androgyne. D'un grand raffinement, lisse " comme une dragée " et très dessinée, l'œuvre détient une force d'impact immédiat. Cette réalisation fut présentée pour la première fois au MAMCO dans le cadre de son exposition Trivial Pursuit (2002).

L'œuvre

Pour son projet d'exposition au MAMCO de Genève programmé pour 2002, Séchas crée une œuvre en mouvement, Les Somnanbules : trois chats se poursuivant sur un rail qui ne se rencontrent jamais. Les personnages sont à la fois mobiles et immobiles. Séchas s'interroge alors sur la possibilité de transcrire plastiquement l'idée d'une rencontre sur un même rail de deux personnages : " il fallait que l'un soit troué ". Cette recherche plastique est à l'origine du Monument pour Jacques Lacan qui impose au spectateur de tourner autour pour l'appréhender. Deux chats, l'un aux yeux fermés (type féminin), l'autre aux yeux écarquillés (type masculin), s'interpénètrent, tout en jouant une rencontre impossible. On chercherait en vain cependant à déterminer la sexualité respective des deux personnages qui modèlent ainsi une figure de l'androgyne. D'un grand raffinement, lisse " comme une dragée " et très dessinée, l'œuvre détient une force d'impact immédiat. Absence d'intériorité, désir de l'Autre, évocation du Phallus... Le verbe lacanien vient à l'esprit : " L'amour, c'est offrir à quelqu'un qui n'en veut pas quelque chose que l'on n'a pas ". Monument mobile, et œuvre à part entière, cette réalisation, à la demande de Séchas, fut présentée pour la première fois au MAMCO dans le cadre de son exposition Trivial Pursuit (2002).

Alain Séchas

Après plusieurs propositions, le choix se porte sur Alain Séchas avec lequel le médiateur collabore alors à un projet d'exposition, jurassic pork (2001), au Consortium de Dijon. Actif depuis le début des années quatre-vingt, dessinateur et artiste plasticien, Séchas introduit dans sa création, en 1996, la figure du chat qui devient rapidement emblématique de sa recherche. Interprète de multiples scénarios, cet animal anthropomorphe pointe sous un mode tragi-comique la fin de l'art, les comportements sociaux, le fond commun d'une humanité perplexe dans un monde où tout va à la " débandade ". Si Séchas a déjà répondu favorablement à des commandes relevant du domaine publique, il apprécie le caractère " plus direct et plus individuel " de la procédure du programme Nouveaux Commanditaires. Pour cet artiste qui se dit " moraliste ", il ne s'agit aucunement de partir des textes lacaniens pour concevoir une œuvre, mais bien plutôt que " l'œuvre soit une traduction du rapport que tout un chacun peut établir avec la pensée du psychanalyste, comme on peut le faire avec celle de Foucault, Deleuze... ".