La grotte magique
John M Armleder
Mediateur - Xavier Douroux
Soutien - Commune de Salives, Fonds Européen Leader II, Whirlpool, Fondation de France
Salives (Bourgogne), 2001
Le contexte
Françoise Naudet, présidente de l'Association des Sept vallées en Haute Côte d'Or, aujourd'hui décédée, veut sauver de l'indifférence les lavoirs de villages. Elle est à l'origine de la prise de conscience qui conduit, entre autres, à l'organisation d'un circuit dans le cadre du programme européen Leader II. Le Groupe d'action locale que préside Martine Eap-Dupin, conseillère générale et maire de Précy-sur-Thil avec l'appui de Jacqueline Bosset-Chauvière au Conseil général de Côte d'Or, appuie ce projet de la Fondation de France. Treize villages sont concernés par les restaurations et neuf oeuvres sont commandées pour les lavoirs de huit d'entre eux. A cela s'ajoute une commande photographique dont rend compte un livre. L'ensemble de l'opération bénéficie de l'appui de l'entreprise Whirlpool (Daniel Payan).
Le lavoir de Salives est connu sous le nom de Lavoir de la Source-de-la-Tille. Cette source sort d'une cavité au pied de la falaise ; le lavoir a été érigé devant elle en 1843, de sorte que la source alimente directement le lavoir. La grotte était un lieu de pèlerinage où les gens venaient pour implorer la pluie : le nom du village vient de saliva ou sacriba, qui signifie "source jaillissante" ou "source sacrée". Le caractère monumental du bâtiment est très prononcé, d'autant plus qu'il constitue une extension visuelle de l'église, construite sur la roche. Le toit est soutenu par cinq arches transversales et est très haut. La façade est brisée par trois fenêtres en arc en plein cintre et une porte à chaque extrémité. La grande piscine située au rez-de-chaussée obligeait à se laver à genoux. Quant aux bancs en pierre à l'extérieur, ils renforcent le caractère public d'un bâtiment ouvert sur la vie du village. Lors de la restauration du lavoir, les résidents ont souhaité faire intervenir un artiste dont l'œuvre se réfère au thème de l'eau et souligne le caractère votif et curatif associé à cette grotte depuis l'époque gallo-romaine.
La commande
Les surfaces de la cavité rocheuse étaient bordées de pierres multicolores, des imitations de pierres précieuses qui ont néanmoins redonné à la grotte son caractère merveilleux. Une modeste installation donne un coup de fouet temporaire à l'éclairage qui fait briller ces fausses pierres délicieusement kitsch dans toute leur splendeur.
John Armleder
Le médiateur a suggéré de faire intervenir John Armleder. Après s'être fortement intéressé à l'œuvre du mouvement Fluxus, Armleder commence en 1980 à peindre des tableaux abstraits sans chercher à créer de nouvelles formes, mais en s'appropriant l'héritage de l'histoire de l'art abstrait - et plus particulièrement de l'abstraction géométrique - qu'il convient d'identifier dans de nombreux cas. Parallèlement, il développe sa série de célèbres Meubles-Sculptures, installations de meubles et de tableaux, qui questionnent les notions de décoration intérieure et d'art décoratif, mais aussi de goût. Le bon et le mauvais goût partent d'un principe d'équivalence, par l'abandon d'une recherche corrélée à un style fixe. En mêlant peinture, sculpture et objets, son travail créatif prend sa place dans l'histoire de l'art en jouant sur la désignation critique, faisant ainsi appel à la relation entre histoire et mémoire.