Manual de uso - Guide d'usage
Andrea Acosta
Mediateur - Haizea Barcenilla - Artehazia
Soutien - Fondation de France, Gouvernement basque (Programmes Fábricas de creación et Eremuak)
Bilbao, Espagne, 2014
La publication d'Andrea Acosta, Manual de Uso, porte sur deux quartiers de Bilbao, Ribera de Deusto et Zorrozaurre, qui occupent une fine péninsule longue de 2,5km. Il n'y a pas si lontemps, ce territoire était encore vivant, plein d'ateliers et d'usines, jusqu'à ce que la crise de l'industrie survienne. Depuis les années 80, divers masterplans ont proposé des reconstructions intégrales. Le dernier d'entre eux cadre avec l'image moderniste, aseptique et brillante que Bilbao s'est construit au cours des dernières années, occultant que la base de son histoire se cimente sur la poussière de suie, les bateaux, les mines et les chantiers navals.
En attendant la destruction et la réédification qui n'arriveront peut-être jamais, la péninsule voit ses bâtiments se détériorer, la nature pousser dans les terrains vagues ; elle voit l'occupation des ruines, les pêcheurs planter leurs cannes à pêche sur les berges, les riverains griller des sardines pendant les fêtes, les graffitis envahir les murs ; elle voit les halles industrielles se remplir de théâtres, avec des entreprises créatives ; elle voit les gens partir, certaine personnes arriver et, dans le lointain, de nombreux habitants de Bilbao qui n'y ont jamais mis les pieds, atterrés par son manque de perfection.
Mais la péninsule est en réalité un bon exemple de la transformation des villes. La mémoire de Bilbao se conserve aujourd'hui dans ce type d'espaces, difficiles à décrypter de part leur complexité, avec un langage rempli de contradictions et de juxtapositions. Cette complexité offre la possibilité d'extrapoler ce que l'on voit, en présentant simultanément un lieu spécifique et un vocabulaire global de la ville, des chocs entre nature et construction, entre fonction et utilisation. La péninsule nous parle d'elle-même et d'autres lieux qui se transforment. Son langage a la capacité d'être local et global en même temps.
À la demande d'un groupe de personnes intéressées par les espaces postindustriels, l'artiste Andrea Acosta essaie de nous transmettre ce langage à travers des syllabes, des mots et des phrases qui sont des objets, des traces et des rues. Son travail offre des clés d'interprétation : il stimule l'exploration et la recherche d'autres richesses cachées, de diverses occupations urbaines et d'usages alternatifs. En général, il nous révèle la présence d'une mémoire oubliée et abandonnée, et d'espaces avec une histoire et d'énormes possibilités d'avenir, entrelacée dans ses langages architecturaux, historiques, végétaux et sociaux.
Mais surtout, il nous offre l'opportunité de réfléchir sur comment nous contemplons et vivons la ville ; il nous propose une nouvelle manière de construire ces lieux à travers le regard, en rééduquant notre manière d'observer, pour nous permettre ainsi de lire les langages formels et historiques que la ville, dans tous ses espaces, nous présente.
Andrea Acosta
Andrea Acosta (Bogotá, 1981) vit et travaille à Berlin. Elle est diplômée des Beaux-Arts de l'Université de los Andes à Bogotá (2005) et est titulaire d'une maîtrise d'Art de l'Espace public et nouvelles stratégies artistiques de la Bauhaus Universität à Weimar, Allemagne (2008). Elle a réalisé des expositions, des publications et des projets dans l'espace public en Allemagne, Autriche, Belgique, Colombie, Corée du Sud, Espagne, France et en Russie, entre autres. Elle a également participé à des résidences artistiques comme le Pavillon, laboratoire d'expérimentation du Palais de Tokyo à Paris, France (2010), a reçu la bourse de création Graduiertenförderung des Freistaates Thüringen (2009) et le prix Bauhaus Hochschule Preis (2008).