Bornes (voie romaine)
Patrick Berger
Mediateur - Xavier Douroux, Le Consortium
Soutien - Fondation de France ; Communauté de Communes du Pays d’Alésia et de la Seine
Voie romaine entre Alise Sainte-Reine et Sombernon, Bourgogne, France, 2008 - 2010
La commande
La Communauté de Communes du Pays d’Alésia et de la Seine associée aux maires des communes traversées par l'ancienne voie romaine et à l’Office National des Eaux et Forêts qui a ouvert à la promenade le tracé de la voie antique entre Alise Sainte-Reine et Sombernon, ont souhaité passer commande d'un élément dont la présence répétitive, mais faisant l'objet à chaque apparition d'une scénographie particulière, marquerait le parcours sur le mode de ce qu'avait pu être une borne milliaire.
L'oeuvre
En ouverture, côté Alesia, en contrebas de la belle ferme d’Epermaille, plantée au cœur d’une niche arborée où surgit une source, parmi divers maçonneries et empierrements, la première borne se dresse comme un “souvenir antique” à la manière du peintre Hubert Robert. Attendant le passant, pour se dévoiler soudain à son regard, elle vient témoigner de la conversation jamais interrompue entre culture et nature.
Près d’Hauteroche, ce sont trois bornes qui s’éparpillent dans le sous-bois, là où la voie se divisait en un embranchement que leur placement signale. Triangulation plus virtuelle que réellement perceptible, cette configuration délimite une zone où la forêt et son exploitation s’offrent à voir, mais où il convient aussi de déceler le souvenir plus discret de l’histoire de la Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale que constitue, tout à côté, la grotte du maquis de l'Auxois.
A cheval sur la crête entre la vallée de l’Ozerain et celle de l’Oze, le rapprochement de deux bornes révèle l’un des moments où le cheminement de la voie semble hésiter là l’occasion du franchissement de la route entre Jailly-les-Moulins et Boux-sous-Salmaise. En pleine vue, elles livrent une impression de fragilité, sollicitent l’attention du promeneur de passage comme la protection de l’habitant ou du cultivateur. L’édification programmée d’une tour observatoire sur le point haut le plus proche, d’où on pourra apercevoir le couple de pierres, devrait encore accentuer cette tension entre un côtoiement recherché de l’activité humaine et la mise à distance à laquelle les contraint l’échelle du paysage naturel.
Entre Villy-en-Auxois et Verrey-sous-Salmaise, au milieu d’un vaste espace dégagé que seule ponctue la ligne de fuite des pylones électriques, le rassemblement de quatre bornes établit le carrefour. Apparition un peu irréelle en ce qui semble être, de prime abord, un non-lieu géographique, les prismes construisent une géométrie aléatoire en ce qui se révèle bientôt être le lieu-dit du Cerisier identifié par l’histoire locale.
Proche de Verrey-sous-Drée, la dernière borne est en lisière de la voie, à l’orée du bois, visible depuis la route. C’est sans aucun doute le plus simple et traditionnel des marquages. Une présence évidente, rappel symétrique de celle plus pittoresque de la borne isolée d’Epermaille à l’entrée opposée de la voie, qui confère ici à la pierre savamment taillée une monumentalité sans affectation.
Patrick Berger
Patrick Berger (né à Paris en 1947) a reçu le grand prix national français de l'architecture et a été professeur honoraire à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Il a notamment conçu les Grandes Serres du Parc André Citroën à Paris (1992), le Siège de l’Union européenne de football association à Nyons (1999), l'Hôtel de Rennes Métropole à Rennes (2007), le Pôle de périnatalité de l'Hôpital Cochin (2012) ou la Canopée des Halles (2016) tous deux à Paris.