Fondé en 1957 par Joseph WRESINSKI, avec les habitants d'un bidonville de la région parisienne, le Mouvement international ATD Quart monde est aujourd'hui présent dans vingt-neuf pays, sur quatre continents. Le mouvement s'est implanté à Rennes dans les années 1970. Des volontaires permanents sont venus vivre, en famille, dans les cités de transit de la ville où étaient logées des familles en très grande précarité. En 1978, la maison Quart Monde, en plein centre de Rennes, est achetée pour que le Mouvement puisse affirmer son identité auprès des familles du Quart Monde, et de l'opinion publique. Elle a été aménagée par les membres du Mouvement et a vu de nombreuses personnes retrouver leur droit à dire leur vie et à penser un avenir meilleur.

« Du beau pour la maison Quart Monde »

Le point de départ de ce projet est la rénovation et la remise aux normes indispensables de la maison ATD Quart Monde à Rennes, ce qui a conduit les membres à quitter cette maison pendant les travaux et à retrouver une maison qui ne sera plus la même, mais qui gardera la marque de tous ceux qui l'ont fréquentée, y ont appris à dire ce qu'ils pensaient et se sont mobilisés pour défendre les droits de tous.

La parole des militants a exprimé leur difficulté à quitter un lieu important, témoin de leur parcours. Cet évènement les renvoie à leur histoire : ils ont été ballottés de famille en famille, certains n'ont aucune photo de famille. C'est une maison : on y passe ; on s'y retrouve autour d'un café ou d'un sandwich ; on s'y réunit ; on y travaille ; on y reçoit des invités.

S'est exprimée la volonté de s'approprier la nouvelle maison en y plaçant une œuvre d'art. Parce que chacun a droit d'accès à l'art. Droit à la beauté. Parce qu'ils veulent du beau en résonance avec des vies difficiles. Parce qu'avec ATD, on retrouve sa dignité : on retrouve l'estime de soi, la possibilité de parler et d'être écouté, la possibilité d'avoir des envies, de les partager et parfois de les réaliser.

La culture est un droit pour tous. Il faut que les personnes qui ont la vie difficile puissent avoir accès au monde de la culture, puissent faire partager leurs émotions, soient même créatrices de culture.

Un autre besoin est de garder des liens entre les membres du mouvement pendant la période de travaux.

Une commande d'œuvre comme le propose le programme « Nouveaux commanditaires » de la Fondation de France les intéresse particulièrement : devenir Commanditaires, c'est donner la possibilité à chacun de s'exprimer, la prise en compte de l'avis de chacun, la possibilité de « faire traduire » ses émotions. Un groupe a été créé, « groupe culture », qui a commencé un travail préalable de découverte et de confrontation à l'art, au cours d'expositions commentées et interactives avec des professionnels. Ces actions ont pour but de « se faire l'œil », et de permettre l'émergence de la parole des militants, confrontés à des œuvres d'art. Ils sont en cours d'élaboration d'une convention avec le FRAC, qui doit leur permettre un accès commenté aux expositions ainsi qu'un partenariat : prêt d'œuvres pour la maison ; apprentissage du commissariat d'exposition, etc.

En parallèle à ce projet, ils écrivent l'histoire de l'enracinement du Mouvement dans l'Ouest ; le jour de l'inauguration de la nouvelle maison « on saura d'où l'on vient et on aura de belles choses ».

La commande

Les désirs des commanditaires : Le choix se porte sur une œuvre extérieure. Œuvre visible de l’extérieur, visible de l’impasse (l’extérieur est forcément le mur de la maison, puisqu’il n’y a pas de terrain). Il s'agit plus particulièrement de la partie du mur qui intègre la porte d’entrée et le porche, ou qui s’approprie tout le mur extérieur. La vitrine n’est pas utilisable : les contraintes architecturales veulent qu’elle ne soit plus en une seule vitre, mais devienne une fenêtre en deux ou trois parties. Garder à l’esprit la question de l’entretien et du coût d’une œuvre en extérieur. L’œuvre doit attirer l’œil et donner envie aux passants de regarder et d’entrer dans la maison. Couleurs ? Reflets ? Lumière ? Trompe l’œil ? L’œuvre doit avoir un rôle de messager. Porteuse d’espoir, affirmant la présence d’ATD Quart Monde dans la ville, destinée à tous sans discrimination ATD souhaite que tous les passants puissent « s’approprier » cette œuvre. « Nous souhaitons des matériaux de bonne qualité, qui montrent la valeur de l’œuvre, non « tagables ». Le logo d’ATD doit apparaître, sans être intégré à l’œuvre. Par contre, il doit être en harmonie avec l’œuvre. L'œuvre devra être imaginée en concertation avec l'architecte chargé de la rénovation. Elle devra tenir compte du fait que la maison est située dans le secteur sauvegardé de Rennes et répondre aux exigences de l'ABF.