Atome primitif (Oeratoom)
Félicie d’Estienne d’Orves
Mediateur - Louise Goegebeur & Julie Goossens, de Nieuwe opdrachtgevers / les Nouveaux commanditaires de Belgique
Soutien - KU[N]ST Leuven (Ville de Louvain, KU Leuven)
Centre-ville de Louvain, Belgique, 2022
Le contexte
Au début des années 1930, Georges Lemaître a décrit le premier modèle d’univers non statique, en constante expansion. Selon son modèle, l'univers était constitué à l'origine d'un "atome primitif" à partir duquel l'espace et le temps auraient émergé - une idée connue sous le nom de la théorie du Big Bang.
Élaborée dans le cadre du festival BOUM!, l’œuvre est le fruit d’une année de collaboration entre l’artiste et un groupe d’habitants de Louvain ayant répondu à l’appel de KU[N]ST Leuven à réfléchir à la création d’une œuvre d’art célébrant les théories de ce pionnier de la cosmologie. Pour sélectionner l’artiste et les accompagner à chaque étape du projet, ces citoyens engagés ont bénéficié du soutien de l’asbl Les Nouveaux commanditaires dont la démarche originale incite les commanditaires à formuler leurs idées ou leurs souhaits à un artiste qui aboutit par le dialogue à la création d’une œuvre d'art unique.
Contrairement aux idées reçues, le Big Bang n'a pas été une explosion soudaine, mais un processus long et lent. La proposition de Félicie d’Estienne d’Orves tente de retranscrire cette réalité tout en répondant au souhait des commanditaires de réaliser une œuvre qui se répande dans toute la ville, qui soit à la fois une exploration et un lieu de rencontre invitant le spectateur à se promener dans la ville avec un sentiment d'émerveillement.
La commande
Le résultat est une œuvre à l’échelle du centre-ville de Louvain, composée de 80 médaillons en bronze blanc gravés au nom de galaxies répertoriées parmi les milliers de milliards présentent dans notre univers connu. Au centre de chaque médaillon, un dessin en relief indique la catégorie à laquelle ces galaxies appartiennent (spirales, irrégulières, lenticulaires ou elliptiques). Les galaxies sont positionnées suivant leur appartenance à différents âges de l’univers, depuis le périphérique de la ville (ou “ring”) qui représente le temps 0, jusqu’au centre de la ville ou temps présent soit 13,8 milliards d'années. Ainsi, en marchant du centre vers la périphérie, chaque mètre parcouru nous ramène 10 millions d'années en arrière, nous rapprochant de plus en plus de la naissance de l’univers.
Au centre de la ville, sur la Rector de Somerplein, un grand médaillon en forme d’anneau représente le temps actuel. Positionné dans le prolongement de l'église Saint-Pierre, cet axe cosmique agit comme une tête de lecture qui révèle à chaque instant le nom d’objets célestes présents au-dessus de la ville.
Des LEDs incrustées dans du métal affichent le nom d’étoiles, galaxies, trous noirs, nébuleuses, supernovas ou encore pulsars qui survolent la flèche de l’église. Pour chaque objet céleste est également indiqué sa distance actuelle depuis la terre (en années-lumière) et la vitesse à laquelle, due à l’expansion de l’univers, ces objets s’éloignent de nous. Chaque jour le public pourra apercevoir un échantillon de la grande diversité d’objets qui peuplent le cosmos extragalactique, quasi méconnu du temps de Georges Lemaître. L'œuvre traduit aussi la distance incommensurable qui nous sépare de ces “mondes” célestes et la vitesse à laquelle l’expansion les éloigne de nous à chaque instant.
Ce mouvement permanent du cosmos se retrouve enfin au centre de l’anneau, où une demi-sphère en miroir réfléchit le ballet des piétons qui traversent la place centrale de Louvain. Le miroir convexe qui semble issu du tableau d’un primitif flamand, agit comme une porte ouverte sur une réalité cachée, notamment celle de la cosmologie contemporaine que poursuivent les scientifiques, dont l’Université catholique de Louvain, sur les traces de Georges Lemaître.
Au cœur de Louvain, “l'Atome primitif” est une œuvre à l’échelle humaine, centrée sur le point de vue humain qui, à travers une déambulation dans toute la ville, rend hommage à l’exploration quotidienne de notre réalité.
Trait d’union entre des technologies anciennes et contemporaines, du bronze à la programmation électronique, l'œuvre correspond à l’ambition de Louvain de se placer dans une continuité historique en tant que ville médiévale tout en présentant une vision élargie du monde et du cosmos par l'innovation. Une ville universitaire de premier plan dont la créativité repousse les frontières de la connaissance.