Capsule
Matali Crasset
Mediateur - Bruno Dupont
Beauvois-en-Cambrésis, 2002-2003
Une association de colombophiles passe commande d'un pigeonnier pour interpeller les nouvelles générations et leur donner le désir de continuer à faire vivre une tradition séculaire.
Afin d'encourager de nouvelles vocations tout en préservant la qualité d'un élevage réputé, l'association colombophile de Beauvois-en-Cambrésis souhaite commander à un artiste contemporain un nouveau prototype de pigeonnier sachant allier esthétique, fonctionnalité et dimension pédagogique et l'intégrer dans la base de loisirs de Caudry afin de contribuer à valoriser le site. L'artiste Matali Crasset conçoit une forme en capsule, en référence aux pigeonniers de la haute antiquité égyptienne. Surélevée, comme en suspension, elle évoque l'idée de départ, l'envol, forme aérodynamique évocatrice d'un univers futuriste et ludique, support pour l'imaginaire s'abandonnant au monde des pigeons voyageurs.
Soucieuse dans ses créations d'allier tradition et modernité, Crasset conçoit une forme en capsule pour le prototype, en référence aux pigeonniers de la haute antiquité égyptienne. La structure interne, à partir de laquelle peut s'organiser la mise en place des différents espaces fonctionnels, évoque celle d'un arbre, reposoir naturel des volatiles, axis mundi reliant terre et ciel. La coque externe, enveloppe protectrice entre intérieur et extérieur, laisse présager d'un univers secret à découvrir, invitation pour le public à entrer dans cette architecture inédite. Forme simple et colorée, la capsule se détache nettement sur l'espace où elle se déploie sur une hauteur de plus de six mètres. Surélevée, comme en suspension, elle évoque l'idée de départ, l'envol, forme aérodynamique évocatrice d'un univers futuriste et ludique, support pour l'imaginaire s'abandonnant au monde des pigeons voyageurs.
Matali Crasset
En faisant appel à un artiste-designer et non pas à un artiste-plasticien, le médiateur fit un choix original qui plut aux commanditaires. Après avoir travaillé en collaboration avec Philippe Starck pendant cinq ans, Matali Crasset ouvre sa propre agence en 1998. La ville de Paris lui remet en 1997 le « Grand Prix du design ». Designer-industriel, sa pratique repose sur l'écoute de la demande de l'autre, ses objets conjuguent esthétique et fonctionnalité. Accepter la commande d'un prototype de pigeonnier se situe dans le droit fil de ses recherches, tout en lui offrant la possibilité de se confronter à un contexte pour elle inédit, un contexte naturel, local. Afin de répondre à cette proposition avec le maximum d'efficacité, elle adopta un mode de travail qui lui est spécifique. Plutôt que de présenter un seul projet aux commanditaires, elle en présenta deux, du plus simple au plus complexe. Suivant l'évolution des échanges, elle peut ainsi agir à l'instar d'un « curseur ». Le projet le plus évolué fut choisi d'emblée, ce qui la surprit. Les designers des années 90, dont Crasset est un leader, souhaitent par ailleurs démocratiser le design, loin des propositions épurées et radicalement esthétiques de la génération précédente. La procédure des Nouveaux Commanditaires lui permet de conforter cette prise de position.