Untitled (De Kaai)
Peter De Graaf
Soutien - Fondation Roi Baudoin
Bruxelles, Belgique, 2000
De Kaai, un nouveau centre d'assistance sociale situé dans le quartier d'Anderlecht à Bruxelles, était voué à accueillir une œuvre d'art dans ses locaux, étant donné les subventions reçues avant sa mise en œuvre par le Fonds flamand d'infrastructure. Mais cette exigence s'est vite transformée en une profonde prise en compte des relations qu'il peut y avoir entre la création artistique et l'identité du lieu. Les locaux de De Kaai sont conçus pour faciliter la vie quotidienne des personnes âgées et en améliorer la qualité en proposant un large éventail d'activités : Cours d'informatique, services ménagers, repas, organisation d'activités de loisirs.... C'est un lieu d'échanges et de rencontres. Les commanditaires ont souhaité associer les personnes âgées à ce projet afin d'éviter de leur imposer une œuvre, mais aussi de les encourager à se questionner sur ce que l'art contemporain, que la plupart d'entre eux connaissent très peu, pourrait représenter dans leur vie. Un groupe de travail a été créé. Après plusieurs rencontres, il est apparu évident que le projet artistique devait s'intégrer dans l'architecture réelle du lieu, être capable de transmettre une nouvelle perceptions du temps combinant passé, présent et futur, mais aussi de permettre une perception physique de l'œuvre achevée. La visite des musées d'art contemporain (MUHKA à Anvers et SMAK à Gand) a sensibilisé les personnes âgées à la créativité, tout en leur permettant d'exprimer les critères sur lesquels leurs intérêts esthétiques étaient fondés. Les travaux du groupe Cobra - Karel Appel en particulier - ainsi que ceux de Günther Förg ou Anselm Kiefer ont particulièrement retenu leur attention. Le médium de la peinture, l'expressivité et la puissance des couleurs constituaient donc les facteurs déterminants qui devaient caractériser l'œuvre future de De Kaai. Cela signifiait qu'il contribuerait à identifier la structure sociale comme un groupe cohésif tout en permettant à chaque individu de se sentir personnellement impliqué.
Tenant compte de l'architecture des lieux, l'artiste a proposé de concevoir une œuvre pour la cour intérieure. Un ensemble de quatre grands panneaux de céramique a été placé sur le mur aveugle. Chacun d'eux est déterminé par l'un des quatre emblèmes des couleurs des cartes à jouer (pique, cœur, trèfle, diamant) pour désigner l'échange inhérent aux réunions. L'iconographie évoque divers facteurs temporels. Ainsi, dans un mode évoquant le collage, les images d'un ancien mémorial de la ville sont confrontées au tambour d'une machine à laver, ou encore à des paysages de rêve qui n'ont pas encore été découverts. Il en résulte une perception riche, fluide et changeante de l'œuvre, qui peut aussi suggérer les possibilités offertes par le flux d'électrons. De plus, la réduction des images crée un dynamisme renforcé par la force expressive de la gamme chromatique, dominée par des couleurs chaudes.
Peter De Graaf
Le médiateur, qui a été impliqué dans le groupe de travail dès le début, a suggéré de faire venir l'artiste Peter de Graaf. Le choix d'un jeune artiste est en effet rapidement devenu une exigence essentielle. De Graaf, actif depuis le début des années 1990, s'inscrit dans une tradition picturale transposée dans un grand nombre de matériaux graphiques. Son travail créatif se caractérise aussi par un intérêt évident pour la figuration appréhendée dans un jeu de références multiples à l'image.