Art Platform
Didier Faustino
Mediateur - Jean-Christophe Royoux
Soutien - Fondation de France
Cherbourg Arsenal
D'une superficie de plus de 100 hectares à terre et en mer, le site de l'Arsenal de Cherbourg, fondé par Colbert, est l'une des plus anciennes entreprises d'Etat, et représente encore aujourd'hui la puissance économique du Nord-Cotentin. Depuis le lancement du sous-marin Le Redoutable en 1967, officiellement lancé par Charles de Gaulle, la fonction première de l'Arsenal (établissement relevant de la Direction des chantiers navals) est de construire des sous-marins destinés à la dissuasion nucléaire. Il ne fait aucun doute que, depuis la fin de la guerre froide, son but et ses objectifs ont dû être redéfinis. De plus, le nombre d'employés a diminué de près de la moitié en dix ans. L'avenir industriel du site est menacé, et les salariés actuels sont inquiets, s'interrogeant sur les développements à venir dont il est difficile d'imaginer la forme.
C'est dans ce contexte que plusieurs salariés se sont regroupés pour réunir un artiste capable d'explorer les multiples potentialités du lieu (potentialités des métiers, ressources humaines, techniques et industrielles), de mettre en valeur son rôle historique de lieu de vie et de provoquer un débat qui peut susciter des idées sur le devenir de l'Arsenal et la transformation générale des formes du travail. Les commanditaires insistent sur l'idée que le savoir-faire spécifique attaché à l'Arsenal doit se confondre avec le savoir-faire artistique.
La Plate-forme artistique exprime la rencontre entre le sous-marin (considéré à la fois comme une forme tridimensionnelle, un espace de vie, le produit de l'Arsenal) et l'espace d'exposition traditionnellement incarné par le White Cube. De cette rencontre supposée impossible ne pouvait naître qu'un monstre, une forme hybride capable à la fois d'exprimer les possibilités d'une situation socio-économique évolutive et d'accueillir les multiples formes actuelles de la création artistique. La première impression que les passants qui se promènent le long du quai ont du navire de Faustino est celle de sa large façade noire, lisse et austère, comme une coque de sous-marin. Mais cet écran mural, fait d'acier noir et de verre, peut en fait être facilement brisé par quiconque souhaite le traverser. Une rambarde permettant l'accès conduira les visiteurs sur le quai situé derrière. Il est en plein air, aménagé en espace bar ; en été, les parasols peuvent y être vus comme une référence ludique rappelant le film Parapluies de Cherbourg. Deux espaces en verre transparent, des glaçons aux volumes géométriques parfaits, sont destinés à devenir respectivement une unité de réception fermée (300 m2 de surface, pouvant accueillir 100 personnes) et une salle de projet. Si la construction peut être perçue comme une barrière infranchissable, elle peut néanmoins être découverte à travers une multiplicité d'angles de vue différents : tout est ouvert à la vue. Ce bâtiment n'est pas sans rappeler un type d'architecture expressionniste russe alliant fonctionnalisme et émotion perceptuelle. A travers un processus de déplacement donnant lieu à une ambiguïté féconde - caractéristique de l'œuvre de Faustino -, la Plateforme des Arts, plate-forme flottante polyvalente, affiche la pensée des nouvelles formes de travail qu'il convient désormais de créer à travers la figure emblématique du sous-marin.
Le personnel de l'Arsenal sera associé à la construction du navire. L'organisation de spectacles et d'expositions, la projection de films à l'intérieur ou à l'extérieur et des forums de discussion seront inclus dans le programme.
Didier Faustino
Le médiateur a suggéré de faire intervenir Didier Faustino. Après une formation de soudeur, et envisageant de devenir dessinateur de bandes dessinées, il entre à l'école d'architecture Paris-Villemin dont il sort diplômé en 1995. Depuis, il a travaillé sur un grand nombre de projets et mis en œuvre des projets, avec une conception hybride de l'architecture incluant l'art, le design et l'installation. Pour lui, il ne s'agit pas de s'arrêter à la mise en œuvre matérielle : la mission de l'architecture aujourd'hui est de produire du sens pour prendre conscience par la créativité des dangers de la perte du sens de la réalité induite par la surabondance d'informations. En 2000, il participe à la Biennale d'architecture de Venise. En 2002, son projet Arteplage mobile du Jura lui a valu un prix à Expo 02 en Suisse. Il s'agissait d'une immense barge flottante de 40 mètres de long, qui pouvait être utilisée et transformée à volonté de différentes manières (comme théâtre, forum de discussion, salle d'exposition...). En 2001, il crée le Bureau des mésarchitectures avec Pascal Mazoyer.